Huit mois après avoir été déclaré coupable de pratiques monopolistiques illégales dans le secteur de la recherche en ligne, Google, le mastodonte américain de la technologie, se prépare à connaître son sort aux États-Unis. La seconde phase de son procès antitrust a débuté le lundi 21 avril, au cours de laquelle doivent être déterminées des sanctions et/ou des mesures correctives.
À ce sujet, le département de la justice (DOJ) a sollicité l’injonction du juge fédéral Amit Mehta pour imposer à Google la cession de son navigateur Chrome. Dans ses remarques préliminaires, David Dahlquist, avocat du DOJ, a questionné : « sommes-nous à un tournant crucial : allons-nous céder le marché de la recherche au contrôle des monopoles ou allons-nous laisser la concurrence triompher et offrir une option aux générations à venir ? »
Le ministère a également exprimé le souhait de mettre en place d’autres actions susceptibles de réduire considérablement la suprématie de Google dans ce secteur. Il s’agit notamment de la rupture des contrats établis précédemment avec d’autres géants technologiques tels qu’Apple, qui ont fait du moteur de recherche de Google l’outil par défaut sur leurs appareils. De plus, il est également question d’imposer à la filiale d’Alphabet de garantir un accès à ses données relatives aux recherches en ligne des utilisateurs pour ses concurrents.
Un proces historique
Le verdict de cette procédure judiciaire d’importance devrait donc conclure presque cinq ans de démarches juridiques. En fait, c’est en octobre 2020 que le DOJ a présenté l’affaire devant la justice pour la première fois. En 2023, dix semaines d’audience ont précédé un premier jugement sur la responsabilité de l’entreprise, rendu en août 2024. Dans son discours initial, David Dahlquist a une nouvelle fois mis l’accent sur la durée considérable de ce processus judiciaire, qu’il considère comme un signe de la résistance bipartisane aux agissements illégaux de Google.
Lors de ce procès, l’entreprise californienne a notamment été accusée d’avoir conclu des ententes anticoncurrentielles avec des tiers dans le but de faire de son moteur la solution privilégiée auprès du plus grand nombre. Et cela inclut également les propriétaires d’appareils qui fonctionnent avec son propre système d’exploitation, Android.
Pour prendre une décision, le juge fédéral Amit Mehta fera comparaître plusieurs témoins, y compris Sundar Pichai, le PDG de Google. On invitera également des porte-parole des entreprises Perplexity et OpenAI, spécialisées en intelligence artificielle (IA), à prendre la parole. Ils devront traiter des relations entre la recherche en ligne et l’intelligence artificielle, ainsi que de l’influence du monopole de Google sur leurs activités propres. David Dahlquist a expliqué : « L’intelligence artificielle générative représente la nouvelle avancée de Google pour préserver son cercle vertueux ».
L'intelligence artificielle générative représente la nouvelle avancée de Google pour préserver son cercle vertueux.
David Dahlquist
Les ennuis judiciaires ne font que commencer
Les recommandations variées du DOJ et l’allocution d’ouverture de son avocat n’ont pas été bien reçues, lundi, par l’avocat de Google. John Schmidtlein, l’avocat de la société dans des affaires judiciaires, a plaidé pour une certaine flexibilité devant le tribunal. D’après lui, les suggestions du ministère ne favoriseraient pas la concurrence, mais auraient plutôt pour effet de dégrader le secteur de la recherche en ligne en privilégiant des acteurs technologiques moins performants que Google.
L’entreprise, qui prétend avoir « gagné sa place sur le marché de façon intègre et juste », a déclaré son intention de contester la décision prise en août 2024, qui avait confirmé sa culpabilité. Elle ne sera toutefois pas en mesure de le faire avant la clôture de la phase procédurale qui a débuté lundi. Le juge fédéral Amit Mehta compte quant à lui rendre sa décision sur les recours avant le mois de septembre.
Ainsi, Google devra attendre un certain temps avant de connaître sa décision finale. De plus, le titan de la Silicon Valley est également confronté à un autre enjeu, celui de la publicité sur internet. Il a récemment été déclaré coupable de comportements monopolistiques aux États-Unis, le 17 avril. Un jour auparavant, une plainte collective accusant Google d’avoir profité de sa position prépondérante dans la recherche sur internet pour imposer des tarifs élevés aux publicitaires a également été soumise au Royaume-Uni.